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dimanche 5 juin, 2005
 
Euro-Initiative
 
L'Europe des 25 est née le 1er mai !
 
L'Europe des 25 est née !
L'Europe des 25 est née !
 

Bénédictions, levée des drapeaux et manifestations altermondialistes ont salué, samedi 1er mai, L'Union européenne des Vingt-Cinq. L'entrée de dix nouveaux pays, à 0 heures, diversement célébrée, fait de l'UE l'un des principaux ensembles mondiaux. L'objectif est désormais de surmonter les désaccords sur la Constitution, sous peine d'"énormes difficultés", a indiqué le premier ministre irlandais Bertie Ahern, dont le pays assure la présidence de l'Union.

Les vingt-cinq pays de la nouvelle Europe élargie ont célébré samedi 1 er mai à Dublin leurs retrouvailles, au premier jour d'une Union européenne forte de dix nouveaux Etats membres, et qui constitue désormais l'un des plus importants ensembles humains et économiques du monde. C'est samedi à 0 heure que l'Union européenne a effectué cet élargissement historique à 10 nouveaux membres (Pologne, Slovénie, Slovaquie, Hongrie, République tchèque, Estonie, Lituanie, Lettonie, Malte, Chypre).

"Bienvenue dans la nouvelle Europe" , a déclaré le président de la Commission européenne, Romano Prodi, dans un message diffusé vendredi soir à Bruxelles.

M. Prodi a retrouvé samedi le premier ministre irlandais, Bertie Ahern, dont le pays préside actuellement l'Union, et le président du Parlement européen, Pat Cox, pour la première conférence de presse à Dublin des "trois présidents" de l'UE.

"JOUR D'ESPOIR ET D'OPPORTUNITÉ"

L'élargissement de l'UE à dix nouveaux pays est un "jour d'espoir et d'opportunité" qui ne menace en rien leur identité, a affirmé le premier ministre irlandais, Bertie Ahern, dont le pays préside actuellement l'Union. "Aux peuples d'Europe qui nous rejoignent aujourd'hui dans l'Union européenne, je tends la main de l'amitié" , a ajouté M. Ahern dans des remarques préliminaires à une conférence de presse. "Au cours des dernières années, vous avez frappé à la porte de la plus grande famille d'Europe. Aujourd'hui, nous l'ouvrons et dans la grande tradition irlandaise, vous disons "cead mile failte" , cent, mille fois bienvenue" , a encore affirmé le Taoiseach (premier ministre irlandais).

"Bienvenue à la maison" , a lancé M. Cox. Le président du Parlement européen a toutefois averti à cette occasion que "de nouveaux défis" attendaient les dirigeants de l'Europe élargie, pour que la prospérité ou encore l'euro bénéficient à tous. "Pour y parvenir, les nouveaux membres doivent être capables de compter sur la solidarité des autres" , a-t-il affirmé.

M. Prodi a souligné de son côté que l'Union élargie ne pouvait se permettre de se reposer sur ses lauriers. "Il y a d'autres candidats dont les aspirations méritent considération" , a-t-il affirmé, en citant la Croatie, la Bulgarie, la Roumanie, ainsi que la Turquie, qui attend une décision avant la fin de cette année sur l'ouverture ou non de négociations d'adhésion. Mais, "sans doute, la préoccupation la plus sérieuse dont nous devons en ce moment nous occuper est la nécessité de combattre le terrorisme" , a-t-il encore ajouté.

"ENORMES DIFFICULTES"

M. Ahern a souligné que la tâche principale qui attendait les dirigeants européens était de trouver un accord sur la future Constitution européenne, "le plus vite possible" . L'absence d'accord provoquera d'" énormes difficultés" car le bon fonctionnement du "processus de décision est essentiel", a-t-il affirmé. Les 25 se sont donnés jusqu'au 17 juin pour trouver un accord sur cette Constitution. Mais celle-ci devra être ratifiée par chacun des pays pour entrer en vigueur et beaucoup s'inquiètent de la possibilité qu'un ou deux pays ne ratifient pas et bloquent ainsi tout le processus.

Romano Prodi a reconnu que rien n'avait été prévu dans le projet de Constitution pour pallier cette éventualité. Lui-même avait pourtant proposé que la possiblité de sortir de l'UE soit prévue pour un pays qui n'aurait pas ratifié, "ce qui n'a pas été accepté' , a-t-il rappelé.

Pat Cox a redit qu'une politique étrangère commune, que facilitera l'adoption de cette Constitution, est essentielle en Europe. "Plus de Srebrenica, voilà la logique" dans laquelle les Européens doivent s'engager, a affirmé M. Cox, en mémoire du massacre, en 1995, de plus de 7 000 musulmans bosniaques.

FÊTE À L'EST, INDIFFÉRENCE À L'OUEST

Avec force musiques, discours et gestes symboliques, les nouveaux membres de l'Union européenne n'avaient pas attendu samedi pour célébrer leur entrée dans cet ensemble qui, en termes de population, sera le troisième au monde derrière la Chine et l'Inde.

A l'Est de l'Europe, sous le beau temps, les foules sont descendues dans les rues des grandes villes pour écouter leurs stars locales ou s'adonner au chant collectif, grande passion des pays baltes.

A Prague, des milliers de personnes ont écouté du rock tchèque sur la Place de la Vieille ville, d'ordinaire surtout fréquentée par les touristes du monde entier. A Varsovie, des milliers de Polonais ont convergé devant le Château Royal. A Budapest, plusieurs dizaines de milliers de Hongrois se sont rassemblés sur la Place des héros pour entendre de la musique du monde entier. La Lituanie a décidé d'être le plus brillant de tous les nouveaux membres de l'UE. Ses habitants ont allumé toutes leurs lumières à 22 h 40 locales (19 h 40 GMT) afin qu'un satellite puisse en donner la preuve avec une photo.

Dirigeants autrichiens, italiens et slovènes se sont rencontrés à 1 509 mètres d'altitude, sur un sommet dit des Trois frontières, partagé par leurs pays respectifs. "La vie m'a donné la chance d'être pour la première fois et la dernière fois sur une frontière qui n'existera plus demain" , s'est exclamé le premier ministre slovène, Anton Rop.

Plus sobre, Lech Walesa, l'ancien syndicaliste et ancien président polonais qui a grandement contribué dans les années 1980 à l'écroulement du communisme en Europe de l'Est, a déclaré : "Le rêve de ma vie est accompli (...) maintenant, ma lutte est finie."

Le ministre allemand des affaires étrangères, Joschka Fischer, a rencontré à minuit son homologue polonais, Wlodzimierz Cimoszewicz, sur le pont qui sépare Francfort sur l'Oder de la ville polonaise de Slubice. A minuit également, le président de la Commission européenne, Romano Prodi, était dans une autre ville divisée, Gorizia/Nova Gorica, à la frontière de l'Italie et de la Slovénie.

Le président tchèque, Vaclav Klaus, connu pour son euroscepticisme, a joué de son côté les trouble-fête en avertissant ses concitoyens qu'ils risquaient d' "être désillusionnés" avec l'UE.

Dans la "vieille Europe", l'enthousiasme n'était d'ailleurs pas toujours au rendez-vous. Le premier ministre belge, Guy Verhofstadt, a ainsi appelé les Européens à ne pas "céder au discours populiste de la peur" . A Berlin, une fête populaire et un concert réunissant 25 artistes de l'UE élargie ont salué l'événement, mais l'assistance est restée maigre, et à Bruxelles, capitale non officielle de l'UE, seul un programme très minimal avait été prévu.

L'arrivée en bloc de ces dix nouveaux Etats membres représente le plus important élargissement depuis les débuts de la construction européenne en 1957. La population de l'UE s'est accru de quelque 75 millions d'habitants, dont 39 millions pour la seule Pologne, le plus important des nouveaux membres, pour atteindre plus de 450 millions d'habitants, de Tallinn à Nicosie.

Pour huit pays issus de l'ancien monde communiste, cette entrée dans l'UE enterre définitivement la guerre froide en Europe, au terme d'un long processus né sur les décombres du mur de Berlin, tombé en novembre 1989.

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Dernière MAJ le dimanche 2 mai, 2004